Au top
Ce matin, 6h. Les rues de Tiruvanamalai sont encore calmes et le vendeur de chaï n'a pas encore sorti les chaises dans la rue, mais sa marmite fume déjà. Dharma et moi sommes ses premières clientes de la journée.
Notre chaï avalé, nous traversons l'ashram et il est 6h15 quand nous passons la grille menant au chemin. Car, oui, ce matin, nous partons pour l'ascencion de la montagne sacrée. Arunachala nous voilà!
Le soleil n'est pas encore levé quand nous arrivons au petit promontoire où je médite habituellement. Et en plus, le temps est très nuageux ce matin, alors il n'y aura pas de beau soleil rougeoyant aujourd'hui, du coup, nous ne nous attardons pas.
Au petit ashram, nous croisons notre guide Shankar qui, fidèle au poste, commence à bien nous connaître.
Nous bifurquons à gauche:
Cette première partie nous est familière puisque nous sommes déjà montées jusqu'au pied de Shiva et la petite grotte. Mais passé la large pierre peinte du grand soleil, la véritable ascencion commence.
En levant la tête, le sommet est lui aussi dans les nuages
Pas à pas, nous progressons en même temps que mon souffle s'accélère, que mon coeur s'emballe et que mon visage se colore. Parfois on a l'impression qu'une barre rocheuse se dresse devant nous et qu'il va véritablement falloir escalader la paroi.
Souvent je m'aide avec les mains en me tenant aux troncs d'arbres polis par les centaines de milliers de mains qui s'y sont accrochées avant moi. Heureusement que le temps est couvert car je dégouline et suis déjà cramoisie et je n'ose pas imaginer si en plus je souffrais de la chaleur...
En levant la tête, le sommet semble bientôt là mais toujours le sentier escarpé continue à grimper, encore et encore. Je fais de nombreuses pauses pour boire et reprendre mon souffle. Les herbes et les feuilles d'arbres perlent avec la condensation des nuages et moi avec ma sueur.
Enfin, une petite esplanade permet de reprendre un dernier souffle avant les derniers mètres abrupts.
Vous voulez que je vous dise la vérité?.....j'en chie! ....
Il est 7h30 quand nous arrivons au sommet accueillis par le chant de mantras d'un ermite vivant dans sa cabane, son chien gardien des lieux et un singe.
Nous sommes au sommet d'Arunachala, dans les nuages. Le sol est noir et glissant à cause des feux gigantesques allumés pendant 11 jours d'affilée lors d'une fête spéciale en Décembre.
La vue est....comment dire...
Mais ce n'est rien. Comme dirait Dharma, le symbole de cette ascencion de cette montagne sacrée cachée sous les nuages est très beau. C'est comme la recherche de la Présence (ou de notre Soi profond)
Elle est toujours là, immuable mais simplement voilée par les illusions et les vrittis (fluctuations du mental)
Après avoir bu et mangé pour reprendre des forces, nous nous asseyons pour une méditation. J'avais amené un châle de peur d'avoir trop chaud, c'est pour me protéger du vent et du froid qui me gagne que je le mets sur les épaules et sur mon T-shirt trempé.
Tout à coup, moment magique, le ciel se troue laissant entrevoir le soleil venu nous faire un clin d'oeil.
Sur le trajet, nous n'aurons croisé que 2 femmes dont une ayant fait l'ascencion pieds nus et un jeune homme.
Nous sommes prudentes sur la descente car les cuisses commencent à fatiguer.
Je termine donc mon voyage en Inde en beauté, puisque ce soir, c'est déjà l'heure de se diriger vers l'aéroport pour le retour en France.
"Om namah Shivaya"